
Poème dramatique de Stéphane Mallarmé
Mise en scène Cyril Desclés
Avec Marjolaine François, Magali Serra
Collaboration artistique Eric Garnier
« je veux me donner ce spectacle de la matière, ayant
conscience d’elle, et, cependant, s’élançant forcenément
dans le Rêve qu’elle sait n’être pas, (…), et proclamant
devant le Rien qui est vérité, ces glorieux mensonges ! »
Lettre de Mallarmé à Cazalis du 28 avril 1866.
Avec Hérodiade Mallarmé nous montre comment l’on peut se dissimuler dans une parole comme dans une tour d’ivoire, pour que rien, surtout, ne nous atteigne de l’extérieur, que rien ne nous abîme, et que l’on s’érige, seul, isolé, séparé du monde et des autres certes, mais à l’abri des blessures et du temps.
Qui d’autre qu’une nourrice peut rappeler au monde celle qui croit en avoir fini, ou du moins rappeler à celle qui se rêve de pierre ces tensions qui font la vie, qui sont la confrontation à l’ici et maintenant. Et cette réalité ne demande-t-elle pas une certaine porosité pour être perçue ? La dernière prise de parole d’Hérodiade suggère l’éveil de cette conscience : « Vous mentez, ô fleur nue de mes lèvres ! J’attends une chose inconnue…» Ces mots invitent à relire le chemin parcouru au long du dialogue : de l’exercice d’une volonté cherchant à poser un cadre rassurant contre l’inattendu de la vie, vers une ouverture à la perception de ce qui passe dans l’instant, donc à l’inconnu, en soi et autour de soi. C’est par cette brèche que le corps et la matière de la vie peuvent s’insinuer dans le discours.
Mise en espace à l’auditorium du Petit-Palais en collaboration avec la Maison des Ecrivains et de la Littérature le 18 octobre 2008
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