La nuit juste avant les forêts

Pluie_MRLa nuit juste avant les forêts 

Texte de Bernard-Marie Koltès

Mise en scène Cyril Desclés – Avec Ghislain de Fonclare

Un homme tente de retenir par tous les mots qu’il peut trouver, un inconnu qu’il a abordé au coin d’une rue un soir où il est seul. Il lui parle de son univers, une banlieue où il pleut, où l’on est étranger, où l’on ne travaille plus. Il lui parle de tout et de l’amour comme on ne peut jamais en parler, sauf à un inconnu comme celui-là, un enfant peut-être, silencieux, immobile.

Bernard-Marie Koltès

C’est plein de flotte, ici. Plein de flaques d’eau pour se noyer. Tu sais qu’on se noie comme rien, quand on est môme ? On fait un faux pas, on se casse la gueule, on tombe dedans la tête la première, un peu sonné, et ça y est.                  
B.-M. Koltès,  Sallinger

Comme s’il se noyait dans une flaque d’eau, l’homme qui parle dans La nuit juste avant les forêts adresse un appel désespéré à un interlocuteur imaginaire, fantasmé comme « un ange au milieu de ce bordel », pour pousser un cri de détresse et de révolte avec la naïveté d’un enfant perdu.

Dans cette tentative de retenir l’autre par le pouvoir dérisoire de la parole, le langage est une machine à ne pas dire. Car au terme de sa longue phrase infinie, il finit par avouer : « et je ne sais toujours pas comment te le dire ». C’est donc au cœur des mots que se trouve le silence – des mots qui servent plus à cacher à cacher qu’à révéler.

Avec La Nuit, Koltès a donné un des plus grands textes de solitude contemporaine, mettant en jeu l’exclusion et revendiquant le refus de se fondre dans la masse, tout en manifestant un terrible désir de contact.

Cyril Desclés

Spectacle créé avec le soutien d’Anis Gras, le lieu de l’autre le 28 septembre 2012 à Anis Gras (Arcueil) et présenté en ouverture de la Biennale Koltès 2012 au Théâtre du Saulcy (Metz) – scène conventionnée pour les écritures contemporaines le 15 octobre 2012.

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